Les animaux sauvages sont chassés dans des contextes très divers partout dans le monde. Des données archéozoologiques indiquent que la chasse se pratique depuis au moins deux millions d’années et a même contribué à l’extinction d’espèces de mégafaune au Pléistocène.
Toutefois, aujourd’hui, les preuves s’accumulent montrant que les grands singes excitent de plus en plus la convoitise et font l’objet d’un trafic grandissant. La nature illicite et donc cachée du commerce de viande et de parties de corps fait qu’il est difficile de connaître le taux de prélèvement exact d’individus dans la nature.
Ce que l’on sait, en revanche, c’est que les motivations des chasseurs professionnels et de ceux qui chassent pour leur consommation propre sont différentes. Les communautés rurales dépendent de la viande sauvage comme source de protéines et de revenus. Les habitants des villes, plus fortunés, la considèrent plutôt comme un mets de luxe et un marqueur social, même quand des sources de protéines moins chères sont disponibles. La chasse n’est pas remise en cause quand la gouvernance est médiocre et la corruption omniprésente.
Le chapitre rend compte de quatre obstacles principaux qui contrarient la transition d’une situation destructive pour la faune à une exploitation durable de la viande sauvage. Parmi ces obstacles figure la tendance des individus à agir dans leur propre intérêt plutôt que dans celui de la collectivité, surtout quand les communautés n’ont pas de droits formels et que la gouvernance est défaillante. Deuxièmement, les grands singes hominidés et d’autres espèces de grande taille sont plus vulnérables que les animaux plus petits, car ils présentent un bon « rendement de chasse ». Troisièmement, la production de faune sauvage ne peut pas satisfaire une demande en hausse, due à la croissance exponentielle de la population humaine et de sa richesse. Quatrièmement, l’habitat des espèces sauvages est en train de disparaître rapidement sous l’effet du développement agricole et industriel.
La lutte contre le trafic de viande et de parties de corps de grands singes exige une combinaison de stratégies : réduire la demande des consommateurs par la mise à disposition et la promotion d’autres sources de protéines, la sensibilisation aux conséquences écologiques du prélèvement non durable des espèces sauvages, le renforcement des cadres juridiques et de l’application de la loi, et le recours à des incitations économiques pour mettre un terme à la chasse et à la consommation de viande sauvage.