Les pays de l’aire de répartition des grands singes en Afrique tropicale font face à de nombreux changements importants. Ceux-ci consistent en une expansion sans précédent de l’exploitation minière industrielle ; plus de 50 000 km de projets de « couloirs de développement » qui sillonneraient la majorité du continent ; le plus grand complexe hydroélectrique du monde ; des projets ambitieux de développement de l’agriculture industrielle et des petites exploitations ; une exploitation forestière industrielle intense ; et une myriade d’autres projets d’infrastructures dans les secteurs de l’énergie, de l’irrigation et de l’aménagement urbain.
Cinq espèces et au moins 12 sous-espèces de gorilles, de chimpanzés et de bonobos ne vivent qu’en Afrique équatoriale. Les infrastructures et les routes qui s’étendent à une vitesse vertigineuse induisent une rapide disparition de leur habitat forestier par le biais de la culture sur brûlis et de l’agriculture industrielle, comme une dégradation de la forêt à cause de l’exploitation forestière industrielle, de la mine, de la récolte de produits forestiers non ligneux et du braconnage d’animaux sauvages.
Grâce aux progrès de la télédétection et de l’informatique, nous sommes mieux armés pour cartographier et prévoir les impacts de la propagation des routes sur les forêts, la faune et la flore sauvage. Les investissements étrangers, surtout destinés à la mine et à l’exploitation du bois, sont très souvent à l’origine de la multiplication des infrastructures. Au fur et à mesure que les routes se rapprochent des aires protégées, celles-ci subissent une pression de plus en plus forte de la part de l’homme qui y fait irruption et vient braconner, certaines réserves voyant même leur superficie officiellement restreinte pour permettre le démarrage d’une exploitation minière ou pétrolière.
Les populations de grands singes et la biodiversité des aires protégées peuvent pâtir durement de l’accroissement de la pression sur les terres et de la chasse qui frappe leurs environs. L’écotourisme permet de générer des recettes pour créer et entretenir des parcs, mais il est essentiel de trouver plus de financement pour la conservation.
L’aménagement proactif du territoire est une priorité urgente et doit tenir compte des conséquences considérables et transformantes de la propagation des routes sur la biodiversité et les services écosystémiques. Sans action urgente, les populations de grands singes et leur habitat en Afrique équatoriale sont susceptibles de décliner de façon dramatique et peut-être irrévocable.